Faillir être flingué

Céline Minard

 
Plusieurs histoires se tressent entre elles, dans l’ouest sauvage américain. Brutal, mythique, et charnel. Ces histoires sont portées par un style très inspiré qui pourrait en désarçonner certains mais en fait tout le sel.
L’ouest sauvage est un décor démesuré où les désirs des personnages prennent une ampleur nouvelle : “L’air immobile des sous-bois résonnait du galop des bêtes lancées par les hommes à toute allure entre les troncs coupants des pins. [...] Le sol frappé rendait un son épais, souple et soyeux comme une peau, les hommes couraient en silence. Ils sortirent de la forêt en une troupe compacte et le martèlement des sabots pris aussitôt la mesure de l’espace, se lança dans la prairie, grandit.”
Pionniers, voleurs, prostituées, sorciers et guerriers amérindiens y suivent un destin jamais tracé d’avance. “Eau-qui-court-sur-la-plaine n’avait pas de peuple, elle en avait plusieurs. [...] Le feu, l’eau, la poudre et la foudre avaient participé à la disparition totale de son clan. Et on disait que maintenant elle maîtrisait ces éléments mieux que personne.”
Entre pragmatisme et instinct, chacun déploie des trésors de ruse pour survivre dans un univers mystique et violent. “Orage-Grondant était un vieux putois mais il avait un sens aigu de la fête. [...] Ces danses en l’honneur du mort et en préparation de l’action qui l’honorerait étaient vigoureuses et violentes, empreintes d’une gravité qui forçait le respect. Elles rappelaient à Brad qui avait vu des gravures, des rites cafres où des hommes en grand apparat s’agitaient comme des grelots de vie pure.”


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