Débat du campus 2024 : Le tatouage post-opératoire : comment aimer son corps après la maladie ?

Photo débats et rencontres 2024

Après un accident ou une lourde maladie, la peau conserve les marques de l’épreuve traversée. Le tatouage est utilisé comme un moyen de se réapproprier un corps altéré, en reprenant le contrôle sur son image. Dans cette optique, quelles spécificités comporte le tatouage réalisé sur des cicatrices ou des brûlures ? Comment les malades abordent-ils cet outil thérapeutique d’un nouveau genre ?


Intervenants :


Nathalie Kaïd, plasticienne et photographe, directrice générale de l’association Sœurs d’Encre.

Depuis 2010, Nathalie Kaïd se consacre à la photo-témoignage en donnant la parole aux femmes. Dans une société où l’on est bombardé d’images artificielles retouchées, après avoir, comme tous, utilisé Photoshop, elle a eu envie d’un retour aux sources pour capturer des instants vrais sans artifice. Elle veut que son œil sublime et révèle la féminité de toutes les femmes, jeunes ou âgées ; elle souhaite aller à l’encontre des standards de beauté des magazine qui rendent tant de femmes malheureuses.
Depuis 14 ans elle est une photographe engagée auprès des femmes dans le cadre d’Octobre Rose, avec une exposition itinérante « Aux seins de la vie », qui met à l’honneur 40 femmes ayant dévoilé leur poitrine, dont 10 après un cancer du sein.
Après avoir commencé à se faire tatouer, elle a ressenti la puissance du tatouage qui était bien plus que de l’encre sur la peau. Elle décidé d’aller à la rencontre de 195 femmes tatouées pour voir pourquoi elles se sont faites tatouer et ce que cela leur a apporté. Elle en a un beau livre photos et témoignages de 300 pages avec la préface de Philippe Liotard.
À la suite de ces rencontres, elle a eu envie de donner la possibilité aux femmes touchées par un cancer du sein de se réapproprier leur image par le tatouage. L’évènement « Rose Tattoo » est née en 2016, durant lequel des tatoueuses engagées, formées au tatouage sur cicatrices post-cancer du sein, par l’association Sœurs d’Encre, tatouent bénévolement des femmes.

L’association Sœurs d’Encre by Rose Tattoo a pour but de permettre aux femmes de venir se renseigner sur la possibilité de faire des tatouages sur cicatrice(s), à la suite d’une maladie ou à d’un accident, en collaboration avec le corps médical. Elle permet de former des tatoueuses aux problématiques du tatouage sur cicatrices, grâce à l’implication d’un comité scientifique. Pour plus d’infos, visitez le site.

Philippe Liotard, sociologue et maître de conférences à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Il est chercheur au Laboratoire sur les vulnérabilités et l'innovation dans le sport (LVIS) et chargé de mission égalité-diversité. Il a publié de nombreux articles sur le corps, le sport, l'éducation physique. Ses thématiques de recherches sont les rapports entre les femmes et les hommes, l'éducation à la sexualité, les discriminations liées au genre et dans le sport, les violences sexuelles et sexistes. Fondateur de la revue Quasimodo, il a publié et donné des conférences, sur le bijou, le piercing, le tatouage et les dimensions éthiques, culturelles ou politiques liées au corps.

Aurélie Matias Ferreira alias Vulpera, tatoueuse à l’Atelier Tattoo Shop de Lyon, et membre de l’association Sœurs d’Encre.
Après avoir réalisé ses études dans le milieu artistique (avec un BAC STI en Arts appliqués, suivit d’un BTS en communication visuelle et de 3 ans à l’ESAAA), Aurélie a commencé le tatouage il y a 5 ans. Elle a été formée à l’Atelier Tattoo shop dans lequel elle travaille toujours et dont elle a repris la gérance avec son associé Mr Pastor.
Elle a découvert Sœurs d’encre lorsque qu’elle se formait au tatouage en 2018. Touchée par leur engagement, elle a tout de suite suivit leur travail et elle a intégrée l’association l’année dernière.

Modératrice : Muriel Salle, historienne et maîtresse de conférence à l’Université Claude Bernard Lyon 1


Publié le 23 janvier 2025